Clint Titouf

 

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CLINT TITOUF

 

L'intelligence de Titouf le chien est somme toute relative, j'en veux pour preuve un passage de sa biographie rédigée par le nouvel écrivain génial que je suis. Je vous laisse, public admiratif de ma personne et de mon talent universel, appréhender la notion d'intelligence du chien. Toute référence à des animaux existants serait une pure coïncidence. Aucun animal n'a été maltraité durant ce scénario.

 

 

 

Le petit bout de sa queue remuait vivement comme un ver de vase dans une mare aux canards.

Les yeux fixés sur son objectif principal, le petit être, aussi incroyable que cela puisse sembler, était prêt à passer à l’attaque. Qu’avait- il à perdre ? Rien si ce n’était qu’un peu de son orgueil de canidé.

Il avait tout calculé, et après avoir observé et épié pendant des heures sa proie, il s’apprêtait à lui faire une éclatante démonstration de ses multiples capacités d’adaptation.

Le soleil face à lui ne laisserait aucune chance à son adversaire, et le vent qui arrivait de l’est dissimulerait l’odeur nauséabonde qui se dégageait de lui.

Une mouche vînt attirer l’attention de sa victime. La quiétude des soirs d’été invitait à une douce torpeur à laquelle Miss Couic Couic le chat ne pouvait résister.

Miss Couic Couic était une dure à cuire, et Titouf le chien savait qu’il prenait des risques en lançant cette opération digne des plus valeureux Kamikazes et des meilleurs stratèges, mais la petite bête, au fond d'elle même, n’envisageait pas de rentrer chez elle ce soir. Le félidé le plus cruel de l’ouest de la prairie ferma les yeux, goûtant un instant de répit bien mérité. Dans ce monde où la loi était celle du plus fort, elle savait qu’elle régnait en maître absolu.

Les rayons que dardait le soleil lui réchauffaient son corps couvert de poussière et de blessures, stigmates de combats douloureux menés alors qu’elle était encore plus jeune ; elle avait compensé la perte de sa force par une expérience sans égale du terrain, et elle gardait une vigueur qui emplissait d’effroi toutes les têtes qu’elle avait faites rouler.

Titouf revoyait sa vie défiler dans sa tête ; les parties de balles, les bains, les crottes lâchées par inadvertance sur le carrelage, les séances de pets à tire larigot, les croquettes dégueulasses qui lui laissaient ce goût amer dans la gueule.

Mais ce que le petit chien revoyait par dessus tout, c’était le motif qui l’avait poussé à monter cette opération commando ; il avait été trop souvent le spectateur muet de têtes d’innocentes souris sauter en l’air pour retomber mollement dans l’herbe, trop de corps désarticulés laissés là en pâture à des charognes inavouables, trop d’orphelins laissés à l’abandon. Le carnage devait cesser. Trop souvent il avait été raillé en public à cause de son intelligence moyenne ; " son petit pois dans le ciboulot ", comme ils disaient, et par dessus tout, cette condescendance suprême dont lui faisait montre miss Couic Couic la chatte.

Cette façon de le dénigrer, de le frapper dès que les autres avaient le dos tourné. Combien de taloches, de coup de patte s’était il ramassés ? Combien de griffes l’avaient fait saigner ? combien de croquettes avaient été volées ? ces crimes ne resteraient plus longtemps impunis.

Il allait leur montrer à tous ce que c’était qu’un vrai chien.

Un sourire de confiance éclaira le visage décidé de la petite chose ; il allait passer à l’attaque.

Son arrière train se souleva au prix d’efforts intenses dont il n’était pas coutumier, prémices d’une attaque aussi fulgurante qu’efficace.

Mais alors qu’il allait fondre sur son ennemi, une mouche à merde, attirée par l’odeur qui se dégageait de la partie la plus charnue de son anatomie, se posa sur ses fesses, lui arrachant un cri de peur et d’effroi.

Rendu furieux par cet imprévu, Titouf le chien décida que le temps d’agir était venu.

Levant aussi haut que possible son derrière, il prit son élan et s’élança sur miss Couic Couic en poussant son cri de guerre qui lui venait du plus profond des entrailles. Les "Groua Waf Waf " étaient autant de sons destinés à déstabiliser son ennemi qu’à le rassurer lui.

Ses yeux de bœuf, atteints de strabisme passager, fusillaient le félidé ; de la bave coulait de sa gueule, dévoilant des chicots jaunis, et une odeur pestilentielle emplit l’air lorsqu’il ouvrit la gueule pour faire la peau au contemporain de Félix le chat. Un rictus empli de haine complétait le portrait de cette machine de guerre. Titouf n’était plus ; il avait fait place à un démon tout droit sorti d’un enfer où la laideur compose avec la violence en une harmonie de bruit et de miasmes.

 

L’odeur plus que les cris alertèrent miss Couic Couic, et lorsqu’elle vit fondre sur elle la boule de poils, dernier vestige de la colère de Dieu, elle fût prise d’un rire incoercible. L’avorton, croyant que c’était la peur qu’il lisait sur le visage de sa proie, s’enhardit davantage et se mit à tourner tout autour de sa victime dans l’espoir de la faire capituler.

Miss Couic Couic riait tant et plus qu’elle roula littéralement par terre, renonçant à garder le peu de contenance que pouvait lui inspirer la scène.

La face hirsute de Titouf le chien s’immobilisa enfin.

" J’ai vaincu " se dit-il, " elle implore ma clémence, elle est à genoux, terrassée par ma force et mon courage. " La tête lui tournait à cause des tours et des efforts qu’il venait de fournir et il tituba avant de chanceler dans l’herbe haute. Des hauts de cœurs lui firent rendre son dernier repas.

C’en était plus que la chatte ne pouvait supporter sans se faire mal aux côtes. Elle réussit néanmoins à reprendre son souffle et d’un geste aussi gracieux qu’incisif, elle donna un coup de patte sur la truffe du chien, puis un deuxième en pleine face. Les yeux incrédules du petit être montraient qu’il réalisait l’état de la situation en même temps qu’il souffrait et vomissait. La force de l’impact le projeta à terre où il s’effondra de dépit et perclus de douleurs.

Miss Couic Couic, jugeant qu’elle avait assez perdu de temps, elle se mit en devoir de faire sa toilette et de profiter des derniers instants de confort que lui procurait le soleil couchant.

Titouf le chien rentra piteusement en claudiquant. Il se mit sur le canapé puis sombra dans un sommeil réparateur où il rêva d’équations du troisième degré, de sinus, tangentes et cosinus et se fit promettre qu’il se vengerait tôt ou tard.

Fin…

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Dernière mise à jour : 05/06/05