La guerre des 2 roses  

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LA GUERRE DES 2 ROSES

Un froid glacial régnait sur le pays. Titouf bravait tant bien que mal les éléments particulièrement déchaînés ; 1471 serait une année à marquer dans les annales tant le froid était vif, et bien qu’il ne fut pas une petite nature, le petit chien se gelait copieusement les glaouis ( cherchez pas ; c’est pas dans le dico ). La bise le faisait frissonner et il peinait à voir au delà de dix mètres devant lui. Quelle idée aussi avait eu son maître de parcourir la moitié du pays en des temps si troublés...

La guerre des deux roses faisait rage à l’intérieur des terres pour tenter de déterminer qui, des Yorks ou des Lancastres, prendrait possession de la couronne d’Angleterre.

Pour lui, choisir son camp avait été une question d’honneur, et en parfait petit Yorkshire qu’il était, il se voyait mal servir dans le camp des Lancastres, à moins d’être suffisamment rétribué ; la corruption n’est valable que lorsqu’elle suppose le repos, quelques caresses, deux ou trois nonosses et quelques mouches à gober…La voix melliflue de son maître le ramena à la réalité.

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Tiens bon, valeureux compagnon, serviteur de l’illustre Edmond de Langlay, mon aïeul qui est aux cieux et que j’embrasse...baste ; voilà que je déraisonne, le froid sans nul doute…Ah ! ! ! voilà enfin le château. Nous allons pouvoir nous restaurer et prendre un peu de repos.

Ttouf pensa qu’il était grand temps qu’ils arrivassent. Il ne sentait plus ses pattes et s’enfonçait dans la neige comme un couteau dans une motte de beurre. La scène aurait pu paraître comique aux yeux de n’importe quel quidam, même pour le petit chien himself ( en anglais dans le texte ) , adepte à ses heures perdues de calembours, odes, lais et autres exercices de style. Si seulement il pouvait encore rire, mais ses poils collés entre eux, et le givre qui lui pesait sur les yeux l’empêchaient de faire le moindre mouvement. Les grelots dont il était affublé et les stalactites qui ornaient sa gueule le faisaient ressembler à un lionceau à la crinière de glace ; heureux présage au royaume de la licorne et du lion. ( vu un peu les références à l’histoire ? doué le gars hein … et avec rien en plus ).

Troubadour de métier, Titouf savait couiner, hurler, crier, pleurnicher, trébucher, se lamenter, voire même rigoler lorsque la situation l’exigeait. Il avait pour partenaire une chatte dont son maître s’était entichée, à son plus grand regret. Celle-ci était employée dans la maison d’York ( à ne pas confondre avec la maison Dior…dites pas que vous n’y aviez pas pensé, je ne vous croirais pas ! !) au vu de ses compétences particulièrement impressionnantes en matière de meurtre de souris. Aussi, pour ne pas qu’elle attrape froid, Edouard IV, encore assez jeune pour s’émouvoir de la santé de sa suite, l’avait-il nichée dans son manteau en peau de zibeline. Ingrate reconnaissance pensa Titouf.

Le château avait une allure sinistre. Niché sur un coin de la lande, il dominait le paysage. Les ruines de ses tours portaient encore les stigmates de récents combats.

 

Pas joyce comme coin commenta le petit chien.

Edouard fouetta sa monture et se dirigea vers le domaine familial.

bulletAllez chien fou ! le premier qui touche le pont-levis gagne le droit de se réchauffer autour du feu. Ya, ya  ! ! ! fit-il avant d’éperonner son alezan.

Titouf, déjà fatigué par les conditions éprouvantes du voyage, fit de son mieux pour ne pas se laisser distancer par son maître. L’image du visage consterné de Miss Couic Couic, passablement secouée par les cahots du galop, lui redonna le courage de se lancer à la poursuite du prince, tout comme l’idée de se voir déguiser en " hot dog " près d’un bon feu.

bulletPrems ! ! !Ah ah, tu as encore perdu Titouf !

Edouard ne jeta pas un regard vers le chien et s’empressa d’étreindre ses proches venus l’accueillir. Un bruit sourd attira l’attention de ce petit monde et tous se retournèrent.

Sur le pont-levis, Titouf gisait inerte perclus de douleur et de fatigue. Il n’avait pas eu le temps de fermer les yeux que déjà ses ronflements, d’une incroyable sonorité raisonnaient.

Miss Couic Couic choisit cet instant pour sortir de son abri douillet ; en passant près de son complice, elle profita de son état léthargique pour lui décocher un violent coup de patte. Titouf émit un grognement de protestation dans son sommeil, mais il était tellement las qu’il n’eut pas la force de riposter.

bulletC’est ça ton chien extraordinaire ? lui demanda le souverain, un roi fainéant au royaume des princes sans rire alors ; ha ha ha…elle est bonne celle-là ( faut-il le préciser, nos amis angliches sont connus pour leur humour aussi lourd que leur porridge …)
 
bulletOui oui ; vous verrez ce soir quand il sera un peu plus reposé, il fait des tours épatants.
bulletEt elle ? demanda son père en regardant la chatte.

- Elle ? Oh ce serait trop long à vous raconter. Sachez qu’elle tient une place importante dans ma vie. En fait, j’ai honte de ce que je vais vous dire père, mais si je peux encore me présenter devant vous, c’est grâce à son talent de chasseuse. Lorsque je mourrai de faim, blessé par les combats et seul rescapé de mon escouade, c’est elle qui captura les lapins qui me sustentèrent.

 

Le roi contempla d’un peu plus près le félidé qui se toilettait à ses pieds.

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Hum… allons, ne restons pas à nous geler ici, rentrons et tu nous raconteras ton épopée au coin du feu. Ce soir, je te présenterai quelqu’un. Il a une certaine influence sur la famille des Lancastres et peut nous mener à la victoire, en fait, c’est le petit Henri de la maison d’à côté. En attendant va te délasser ; un bon bain chaud t’attend ; quant à ta carpette ronflante, on va l’installer près du foyer pour qu’il se réchauffe plus vite. Je compte sur lui pour ce soir ; ce n’est pas pour rien si je t’ai dit d’amener ton meilleur trublion ; il nous faut à tout prix séduire l’invité, l’impatronisation du pays en dépend.

La nuit était tombée lorsque Titouf se réveilla. La langue encore pâteuse d’un sommeil de plomb dont il lui avait été difficile de s’extraire, il se leva et s’étira longuement et minutieusement. D’après ce qu’il avait compris, la mission qui lui était dévolue était importante, et son succès capital. Il se mit sur son séant et son regard se perdit devant le spectacle hypnotisant des flammèches qui dansaient dans le feu. Il ne remarqua pas les deux yeux verts qui brillaient dans un coin sombre de la cuisine.

Puis, aussi soudain qu’impérieux, le besoin de se soulager lui traversa l’esprit.

bulletBigre, pensa le chien, peux pas sortir, fait trop froid.

Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’il repensa au gel qu’il avait affronté. Pas question de recommencer.

Témoin de son intense concentration sur le problème qui le préoccupait, le sphincter de son fondement se relâcha en libérant une sonorité aussi grave que curieuse. Titouf pouvait se vanter de venter comme un merle qui siffle comme le vent souffle. (pas mal l’allitération, non ? fais en autant ! ! !) Un bruit tonitruant se répercuta sur tous les murs de la cuisine du château. Les yeux verts clignèrent de dépit et de dégoût.

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Mince alors ; mais c’est que ça urge ! ! ! vite, faut que je t’rouve une solution dare-dare. Oulalala…

Son regard se porta à nouveau sur la pièce ; peu de coins pour lever la patte ; un mauvais rictus illumina sa face.

bulletJe vais faire d’une pierre deux coups…hi hi hi Après tout, autant me réchauffer le zob et les raisins en même temps ! ! ( pas con hein le gars ? ! ! !)

Avec un sourire de contentement prématuré, Titouf s’approcha de l’âtre. Le feu n’était pas encore totalement éteint, mais de la chaleur s’en dégageait encore. Il leva la patte et, tandis qu’il se soulageait, ressentit les premiers effets bénéfiques de la chaleur diffuse.

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Ahhh ! ! ! ! non d’un petit bonhomme ! ça fait du bien par où ça passe…

Puis, plus par jeu que par nécessité, il leva la patte encore plus haut de sorte que le petit jet qu’il produisait s’efforçait d’étouffer les flammèches.

bulletPin-Pon, pin-pon, je suis le roi de la lance et de l’extinction hi hi hi…ne put-il s’empêcher de chantonner...

C’est alors qu’il entamait le troisième couplet de sa chanson que le drame se produisit.

Miss Couic Couic avait subrepticement profité de l’inattention du chien pour sortir de sa cachette. D’un bond, elle arriva sur Titouf et souffla à son oreille un ronronnement de satisfaction et de défi. Titouf ne connaissait que trop bien celle qui annonçait ses méfaits d’un miaulement sordide. Une perle de sueur dégoulina le long de son front malgré la chaleur des lieux tandis qu’il achevait sa miction.

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Eh mince, peux pas arrêter la machine ! ! ! mais qu’est ce qu’elle va me faire, qu’est ce qu’elle va me faire pensa-t-il.

 

Il n’eut pas le temps d’y réfléchir plus et sentit bientôt qu’on le poussait.

 
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Chauds les marrons, chauds ! ! ! miaula la chatte.

Titouf, par on ne sait quel miracle, parvint à se rétablir avant de retomber sur ses quatre pattes. Conséquemment, (j’aime bien ce terme, pas vous ?) les dégâts causés par son ennemie furent légers ; une ou deux touffes de poils fumaient encore lorsqu’il se lança à la poursuite de miss Couic Couic. Vous avez déjà vu le Vésuve, et bien c’est rien comparé à Titouf la petite touffe lancé à la poursuite de miss Couic Couic.

Le regard torve, la gueule béante, la langue pendante, et les fumerolles encore chaudes, il suivit le félidé dans un dédale de couloirs sombres et de recoins secrets. Les alcôves oubliées de plusieurs générations de courtisanes et des odalisques venues d’outre-manche furent revisitées par les deux fuyards.

Titouf, plus large et moins leste que miss Couic Couic se prit quelques toiles d’araignées dans les yeux et perdit la trace de celle qu’il pourchassait. Il s’arrêta quelque temps pour se reposer. La langue pendante, la bave dégoulinante, il maudit celle qui lui fit perdre un instant sa dignité canine. Aveuglé par sa soif de vengeance, il fit le point sur ce qui l’entourait.

- Froides sont les dalles humides, sombres sont les couloirs éteints et de peur est empli le petit chien perdu au cœur de ses cauchemars.

Partant de cet axiome, le ménestrel de la cour fit taire le sentiment d’effroi qui l’envahissait peu à peu, et aiguisa ses sens dans l’espoir d’entendre un bruit familier.

Des soupirs lui firent dresser l’oreille. La douce mélopée de baisers échangés lui laissèrent à penser qu’il n’était plus seul. Avec ces doux murmures comme guide, il allait pouvoir rejoindre le monde civilisé.

Au fur et à mesure que les bruits se faisaient plus insistants, il entrevit un filet de lumière au détour d’un angle. Poussé par la joie de retrouver un endroit chaud, il courut jusqu’à à la porte et s’arrêta net à la vue de la scène qui s’offrait à lui :

Miss Couic Couic était là, sur le seuil de la porte, perdue dans son toilettage. Elle se fichait éperdument de l’importance du spectacle qui se donnait à deux pas de là. Le saltimbanque avança en silence, bien décidé à se venger de l’avanie subite subie.

Un doute l’assaillit lorsqu’il reconnut la sœur de son maître en charmante compagnie. Elizabeth d’York se trémoussait de plaisir avec le pire ennemi de tout le Yorkshire : Henri Tudor de la maison des Lancastres.

Il savait s’y prendre le bougre. Faut dire que les appas de la miss étaient convaincants. Quelle fille accorte que cette Babeth.

Titouf se sentit meurtri au plus profond de son être ; entre elle et lui, une liaison, certes purement platonique, mais une liaison tout de même était née depuis quelques années. La gorge serrée, l’estomac noué, il sentit la peine l’envahir et la déception poindre.

Un flot de larmichettes qu’il ne put contenir ruissela de ses deux petits yeux noirs. Il ravala sa fierté, moucha, hoqueta et soupira.

Adieu les cajoleries, les caresses, les courses folles dans le château. Au revoir les fous rires qu’ils avaient partagés tous deux, les secrets dont il était le gardien muet.

Quel malheur et quel chagrin que d’être cocufié…

Bof….après tout ; ce qui l’intéressait dans cette histoire, c’était " Couic Couic the cat "

Ce furent les bruits provoqués par ses grelots de clown qui trahirent Titouf. Miss Couic Couic se retourna à temps pour voir fondre sur elle un baladin aux idées meurtrières, ivre de vengeance, porteur de toute la haine du monde. La chatte s’élança dans la pièce talonnée par le trublion. Les cris de miss Couic Couic, les tintements des grelots du fou du roi et les insultes proférées par le petit chien coupèrent net l’élan des deux amoureux.

Elizabeth poussa un hurlement de frayeur en voyant débarquer cette paire furieuse de monstres tout droit sortis de la maison de la rose blanche. Ce n’est qu’une fois le choc passé qu’ elle reconnut les protagonistes.

La peur de l’opprobre et du scandale d’être surprise avec son soupirant de la maison d’en face poussa Lili ( c’est comme ça qu’on l’appellait dans l’intimité ) à fuir de toute urgence avant que ne soient découvertes ses infidélités.

Titouf, lassé de courir et vidé de tout sentiment se coucha brusquement sur le sol aux pieds de sa déesse, dans l’attente d’une potentielle réconciliation. Il sombra dans le sommeil du juste. Tout lui était égal à présent.

- Après tout pensa Titouf, quand il y en a pour un, il y en a pour deux…

bulletRiri ( c’est comme ça que Lili nommait son amant ), Riri si tu m’aimes vraiment, je t’abjure de m’emmener avec toi. Ici, je ne peux pas faire ma vie, privé du seul être que j’aime, ce château est une prison aux barreaux d’acier que seul l’amour peut briser. ( Bon, d’accord, vous allez dire, là il exagère ; c’est vrai qu’elle n’a pas dit ça comme ça ; mais grosso modo, c’est comme ça qu’elle causait la Lili. C’était une petite fille ingénue, pure et chaste comme la perle du matin qui vient se déposer sur les pétales encore fermés d’une rose blanche, promesse d’un avenir radieux. J’cause bien hein quand je veux, je devrais peut-être faire poète.. )
bulletAh ma Lili, rétorqua le Riton en se rhabillant, quittons ce froid et sinistre château, avec toi près de moi, je ne craindrai personne et l’Angleterre sera à moi. ( il y croyait dur comme fer le Riton ).
bulletEt eux ? s’enquit la charmante gazelle.
bulletQui ça eux ?
bulletMon petit chien chien, tiens donc et puis cette petite chatte, regarde comme ils sont mignons tous les deux ; un peu comme nous.

Miss Couic Couic se tenait à présent à côté de Titouf, dans l’attente d’un réaction du bigorneau cocufié ; intriguée, elle s’était rapprochée, puis convaincue qu’elle ne courait plus aucun danger, s’était assoupie avec Titouf.

- why not… décida le Riri

C’est ainsi que les Yorks et le Lancastre s’échappèrent du castel, avec la lune pour seul témoin.

Grâce aux conseils avisés de Lili, Henri VII parvint à conquérir le royaume et épousa Elizabeth d’York.

Titouf retrouva l’amour platonique de sa maîtresse et par là même, la joie de vivre qui le caractérisait.

Miss Couic Couic lui joua bien d’autres tours de cochon ; et il en fut ainsi pour un bon bout de temps au royaume de la rose rouge.

Fin…

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Dernière mise à jour  : 05/06/05